Surgonflage pneus : pourquoi et comment les mécaniciens le pratiquent ?

Sur les bancs d’atelier, il n’est pas rare de rencontrer un véhicule dont la pression des pneus dépasse les recommandations du constructeur. Cette pratique, loin d’être anecdotique, trouve sa place dans de nombreux garages, parfois pour des raisons techniques précises, parfois par habitude.

Malgré les risques associés à une pression excessive, certains professionnels y voient un moyen de faciliter certaines opérations ou de compenser des pertes d’air attendues à court terme. Les conséquences de ce choix, souvent méconnues des automobilistes, interrogent sur les bonnes pratiques à adopter pour garantir sécurité et longévité aux pneumatiques.

Surgonflage des pneus : un phénomène plus fréquent qu’on ne le pense

Dans les garages, le surgonflage des pneus n’est pas une rareté. Beaucoup de mécaniciens, par souci d’efficacité ou faute de temps, choisissent parfois de gonfler au-delà de la pression préconisée par le constructeur, particulièrement lors de manœuvres rapides sur de courtes distances. Du côté des poids lourds, Bridgestone note que le sous-gonflage domine, mais chez les véhicules particuliers, le surgonflage fait régulièrement son apparition, bien plus qu’on ne le soupçonne.

Ce choix a des conséquences réelles : une pression trop forte réduit la zone de contact entre le pneu et la route, ce qui entame l’adhérence et rallonge la distance de freinage. Le pneu devient aussi plus fragile face aux chocs, et le risque d’éclatement grimpe en flèche. Autre effet : le centre de la bande de roulement s’use à grande vitesse, un phénomène souvent visible sur les utilitaires qui enchaînent les kilomètres. Certes, certains avancent que cela permettrait de tamiser la consommation de carburant, mais cette économie s’obtient au prix d’une stabilité et d’une sécurité sacrifiées.

Pour mieux comprendre les impacts du surgonflage, voici ce qu’il provoque le plus souvent :

  • Pneus surgonflés : adhérence réduite et freinage moins efficace
  • Usure accélérée du centre de la bande de roulement
  • Risque accru d’éclatement en cas de choc ou de fortes températures

Une pression inadaptée, qu’elle soit trop haute ou trop basse, multiplie les risques d’incident et fait grimper la consommation. Sur la route, la précision reste la meilleure alliée des pneus.

Quels sont les véritables risques d’une pression inadaptée pour votre sécurité et vos pneus ?

La théorie laisse vite place à la réalité dès que l’on roule. Que ce soit par sous-gonflage ou surgonflage, l’écart avec la recommandation a toujours un coût. La pression des pneus joue sur chaque aspect du comportement du véhicule : un pneu surgonflé offre moins de surface d’appui, perd de l’adhérence et allonge la distance de freinage. Sur route mouillée, l’aquaplaning menace plus rapidement. À l’opposé, le sous-gonflage augmente la résistance au roulement, use les flancs et fait monter la consommation d’essence jusqu’à 10 %.

La durée de vie du pneu en souffre directement : un pneu sous-gonflé s’use un quart plus vite, un surgonflé finit par creuser le centre de sa bande de roulement. Les risques d’éclatement s’accentuent, surtout à vitesse soutenue ou lors de grosses chaleurs. La tenue de route devient incertaine : le grip s’évapore, les réactions deviennent imprévisibles, notamment en virage ou lors d’un freinage appuyé.

Voici les principaux effets que l’on constate selon le type d’erreur :

  • Sous-gonflage : usure irrégulière, risques de crevaison, freinage moins net
  • Surgonflage : centre du pneu trop sollicité, perte d’adhérence, fragilité accrue

La pression indiquée par le constructeur tient compte de la charge, de la vitesse, du châssis et du type de pneu. Pour rouler sereinement, rien ne remplace un contrôle mensuel : manomètre fiable, mesure à froid, et le tour est joué pour préserver sécurité et performances.

Pourquoi certains mécaniciens choisissent-ils de surgonfler les pneus ?

Dans un atelier, surgonfler un pneu n’est ni un oubli ni un hasard. Plusieurs motifs expliquent ce choix, souvent calculé. Premier élément : la température. Quand il fait froid, la pression chute, et certains professionnels préfèrent ajouter 0,1 bar pour chaque tranche de 10 °C en moins, afin d’anticiper la baisse attendue sur la route, notamment l’hiver.

Autre cas fréquent : un trajet long et chargé, surtout sur autoroute. Ici, la pression est augmentée de 0,2 à 0,3 bar pour tenir compte du poids supplémentaire et de la vitesse, tout en restant dans les limites conseillées par le constructeur (souvent indiquées sur la portière ou dans le carnet de bord). Cette précaution permet de limiter la déformation du pneu, de mieux gérer l’échauffement et d’éviter le sous-gonflage progressif lié à un long trajet.

Certains ateliers préfèrent aussi anticiper les pertes naturelles de pression, ou tiennent compte du fait que beaucoup d’automobilistes négligent le contrôle régulier. En surgonflant légèrement lors du montage ou de l’entretien, ils offrent une marge temporaire de sécurité. Mais attention : trop de pression réduit la surface d’appui, dégrade l’adhérence et allonge la distance de freinage. Expérimentés ou novices, les mécaniciens s’accordent : rien ne vaut le respect de la pression idéale, adaptée à l’usage réel du véhicule.

Technicienne inspectant et ajustant la pression des pneus d

Conseils pratiques pour garder la bonne pression au quotidien

La régularité avant tout

Un contrôle mensuel de la pression des pneus s’impose, sans attendre le voyant du TPMS. Un passage à la station-service ou l’utilisation d’un manomètre fiable chez soi permet d’anticiper baisses naturelles et variations liées aux saisons. La mesure doit toujours se faire à froid, le matin de préférence, avant d’avoir roulé plus de trois kilomètres.

Pour ceux qui prévoient un long trajet ou transportent une charge importante, il est utile d’ajuster la pression :

  • Ajoutez 0,2 à 0,3 bar à la pression recommandée pour les voyages prolongés ou en cas de chargement conséquent.
  • Par grand froid, pensez à compenser la baisse naturelle : 0,1 bar supplémentaire par tranche de 10 °C de moins.

Outils et équipements adaptés

Avoir un gonfleur de pneus portable chez soi est un vrai plus pour ajuster la pression quand il le faut. Même si la plupart des véhicules récents sont équipés du TPMS, un contrôle manuel reste irremplaçable. Privilégiez aussi les pneus à faible résistance au roulement (classe A), particulièrement pour les voitures électriques : l’économie sur la consommation peut atteindre 5 %.

Anticiper l’usure, préserver la sécurité

Un pneu sous-gonflé s’use plus vite ; un surgonflé perd de l’adhérence et allonge la distance de freinage. Respectez toujours la pression préconisée par le constructeur, indiquée sur la portière ou dans le carnet d’entretien. Au quotidien, le manomètre reste la meilleure garantie pour préserver tenue de route et longévité des pneus, quelle que soit la météo.

Un pneu bien gonflé, c’est une conduite plus sûre, une usure maîtrisée et la certitude de garder le contrôle, même quand la route décide de vous surprendre.