Un engin lancé à 90 km/h sur le périphérique, sans le moindre clignotant : voilà une scène qui, pourtant, ne relève ni du cinéma ni d’une légende urbaine. En France, la question des clignotants sur les deux-roues cristallise les tensions entre réglementation stricte et réalités de la route. Selon l’année de mise en circulation, le type de véhicule ou la puissance du moteur, les obligations changent du tout au tout. Résultat : ce qui est toléré sur un cyclomoteur ancien peut valoir une sanction immédiate sur un scooter flambant neuf.
Les règles évoluent sans cesse, semant la confusion aussi bien chez les motards aguerris que chez les vendeurs. Les contrôles ne laissent guère de place à l’improvisation : tolérances limitées, exigences précises, et pas d’excuse valable face à un défaut d’équipement.
Clignotants sur les motos : que dit la loi aujourd’hui ?
Le code de la route ne laisse aucune place au flou lorsqu’il s’agit des clignotants moto. L’article R313-14 impose : tout deux-roues motorisé homologué depuis le 1er janvier 1996 doit arborer à l’avant et à l’arrière des feux indicateurs de direction. Cette obligation s’étend aux motos et scooters respectant l’homologation européenne, à l’exception de quelques rares modèles conçus pour un usage très particulier.
Les machines plus anciennes suivent d’autres règles : les petites cylindrées d’époque ou les motos de collection n’avaient pas toujours ce dispositif d’origine. Aujourd’hui, impossible de faire immatriculer un véhicule neuf sans cocher toutes les cases des équipements obligatoires, comme le stipule le certificat de conformité. Les constructeurs n’ont pas de marge de manœuvre : une absence de clignotant bloque toute démarche administrative.
La conformité ne s’arrête pas là. Le contrôle technique, désormais progressif pour les motos, scrute la présence et l’état des clignotants. Impossible de jouer avec le feu en installant un accessoire exotique trouvé sur internet : couleur, intensité, écartement… chaque détail compte sous peine de contre-visite ou de verbalisation.
Les professionnels du secteur le répètent : pour rester dans les clous, il faut des clignotants homologués avec le marquage E ou CE bien visible. Un feu bricolé ou non conforme suffit à faire perdre la conformité du véhicule. Les contrôles routiers ne laissent rien passer : les forces de l’ordre savent exactement où porter leur regard.
Obligations différentes selon le type de deux-roues : motos, scooters, cyclomoteurs
Le monde du deux-roues ne se résume pas aux grosses cylindrées. Le code de la route distingue nettement les catégories. Pour les motos et scooters de plus de 50 cm³, la règle est simple : depuis la fin des années 1980, les clignotants sont obligatoires pour tout modèle neuf. Pas de dérogation possible, l’indicateur de direction fait partie du lot de série, comme l’atteste le procès-verbal de réception dès la sortie de l’usine.
Sur le segment des cyclomoteurs, le cadre change. Jusqu’en 2004, certains modèles pouvaient circuler légalement sans feux indicateurs de direction, à condition de ne pas dépasser 45 km/h. Depuis cette date, la majorité des cyclomoteurs neufs sortent équipés, conformément aux normes européennes. Les plus anciens, déjà en circulation, conservent leur dérogation, mais doivent tout de même respecter l’article R313-14 du code de la route.
Voici comment se répartissent les principales obligations selon la catégorie :
- Motos / scooters > 50 cm³ : clignotants incontournables, homologation stricte à l’appui.
- Cyclomoteurs ≤ 50 cm³ : clignotants requis pour les modèles récents, dérogation tolérée pour les anciens respectant leur configuration d’origine.
Ce paysage fragmenté perdure : un cyclomoteur ancien, conservé dans son état d’origine, garde sa dispense tant qu’il n’est pas modifié. Pour le reste, tout dépend de la date de première mise en circulation et du processus de réception appliqué lors de la fabrication.
Faut-il toujours utiliser ses clignotants à moto ? Cas pratiques et exceptions
Le clignotant à moto, ce n’est pas juste une marque de bonne volonté : c’est une obligation légale dictée par le code de la route. À chaque manœuvre, changement de direction, dépassement, insertion, sortie de voie, l’activation des feux indicateurs s’impose. Que ce soit en centre-ville, sur route ou autoroute, il s’agit du langage universel entre usagers. Pour le motard, dont la visibilité reste inférieure à celle d’un automobiliste, le clignotant n’est pas un gadget : il anticipe les réactions, évite la surprise et limite le risque d’accrochage.
Un excès de confiance ou la routine ne justifient jamais l’oubli : une absence de clignotant, et le danger guette au prochain carrefour. En pratique, la loi ne prévoit pas de cas particulier. Même lors d’un changement de file sur un rond-point, le clignotant doit signaler l’intention du pilote. Seule exception admise : la panne. En cas de dysfonctionnement, un geste clair du bras peut temporairement remplacer le dispositif, mais la réparation doit suivre rapidement. En cas d’accident, l’assurance peut refuser d’indemniser si l’absence de clignotant est constatée.
Pour clarifier les usages attendus, voici un rappel des situations courantes :
- Changement de direction : activation systématique du clignotant
- Dépassement, insertion, sortie de voie : clignotant à chaque manœuvre
- Panne du clignotant : signalisation manuelle admise, réparation exigée sans délai
En résumé, le clignotant fait partie intégrante de chaque déplacement en deux-roues. Les seules tolérances concernent la signalisation manuelle, et uniquement en cas de panne avérée et momentanée.
Sanctions et risques en cas de non-respect de la réglementation
Oublier d’utiliser ou de posséder un clignotant sur sa moto, ce n’est pas un détail technique. Le code de la route prévoit des sanctions claires et des conséquences immédiates. Lors d’un contrôle, la note peut vite grimper : amende forfaitaire de 35 euros, majorée à 150 euros en cas de retard de paiement. Mais l’addition ne s’arrête pas là : un retrait de trois points sur le permis accompagne généralement la sanction. Si un accident survient en l’absence de signalisation, les ennuis se multiplient.
La police ne s’arrête pas à la simple verbalisation. Un équipement manquant ou défectueux peut conduire à l’immobilisation du véhicule, voire à une mise en fourrière si la remise en conformité n’est pas immédiate. Ces mesures protègent les usagers mais rappellent aussi que la législation ne tolère pas l’approximation. Sur le terrain, les conséquences sont bien réelles.
Côté assurance, la prudence est de mise. Un défaut de feux indicateurs de direction au moment d’un sinistre expose à un refus d’indemnisation. L’assureur s’appuiera sur le rapport de police pour justifier son refus, prouvant que le conducteur a dérogé aux règles en vigueur. Un simple oubli ou une installation non homologuée peut rapidement se transformer en dossier litigieux, avec à la clé des frais et une responsabilité pleine et entière.
Voici les principales conséquences que les motards doivent garder à l’esprit :
- Amende forfaitaire : 35 euros
- Retrait de 3 points sur le permis
- Immobilisation et fourrière possibles
- Refus d’indemnisation en cas d’accident
Un clignotant, c’est bien plus qu’un simple accessoire : il trace la frontière entre la route et le tribunal, entre rouler sereinement et multiplier les risques. Sur deux-roues, chaque feu compte, et pas seulement pour voir ou être vu.


